La vie sportive d’Emmanuel, paraplégique bien dans sa peau

© Ouest France – Massérac – Modifié le 19/01/2016 à 04:00 | Publié le 17/01/2016 à 02:08


Portrait

Natif d’Avessac, Emmanuel Drion, 45 ans, est né paraplégique. Il passe un an hospitalisé à Nantes. Sa vie est jalonnée de séjours en centres spécialisés. Et, aussi, de promenades avec sa soeur, Noëlle, qui part en vélo pendant qu’il suit en fauteuil.

« À Pen-Bron, à La Turballe, j’ai découvert le sport. L’avantage de mon handicap, c’est que je peux pratiquer plusieurs disciplines : tir à l’arc, tennis de table… », raconte Emmanuel Drion, qui vit aujourd’hui à Massérac.

Sa rencontre avec un éducateur va donner une autre dimension à sa pratique sportive : « Il m’a dit de faire du sport pour me libérer. J’étais agressif comme jeune handicapé. Je me suis lancé dedans à fond. Je rêvais même de paralympique. Mes parents ont dit : les études d’abord. » Emmanuel intègre un centre de formation auprès de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Il obtient un CAP rempaillage-cannage.

Il continue de faire du sport, intègre une équipe de basket, se lance dans l’haltérophilie. Il participe à un défi de 24 heures en fauteuil face à des valides. « Je voulais leur montrer que nous n’étions pas des merlus. Avec l’âge, je me suis calmé par rapport à cela », sourit Emmanuel Drion.

En 1982, il obtient un titre de champion de France interclubs du développé-couché. Quatre ans plus tard, dans la même catégorie, il décroche le titre européen, en soulevant une barre de 140 kg.

« L’accessibilité : nouveau cheval de bataille »

Il est loin le temps de la compétition. Mais l’homme tente de maintenir deux séances d’entraînement hebdomadaires, au Handisport Rennes club. Souffrant d’une insuffisance rénale, il jongle avec les dialyses. « Je veux continuer à travailler mon souffle. Et les muscles qui pendent, c’est moche. Il ne faut pas rester entre quatre murs », confie le quadragénaire.

Toutes les trois semaines, il se rend, bénévolement, au centre de rééducation de Beaulieu, à Rennes. « J’apprends à ceux qui ont eu un accident à manipuler leur fauteuil et j’oriente ceux qui veulent faire du sport, explique Emmanuel. Cela me fait chaud au coeur quand ils constatent que la vie continue. Comme le jeune Vincent, tombé de scooter. Il faisait du basket debout. Je l’ai accompagné à un match handi. Je lui ai montré ma voiture. »

L’homme tient à son indépendance et met sa ténacité de sportif au service d’un « nouveau cheval de bataille. L’accessibilité était prévue pour 2015. En campagne, cela va encore, en ville c’est plus compliqué. »

Author: Yves Daniel